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Focus sur un double ex-libris biblique des plus originaux
Focus sur un double ex-libris biblique des plus originaux.
Si vous avez visité le musée, vous avez en mémoire cette importante collection de Bibles in-folio serrées les unes contre les autres dans la salle éponyme. Le musée s’enorgueillis d’en recevoir encore 2 ou 3 par an et l’année 2020 ne déroge pas à la règle avec une édition Bible de Elzévier de 1669 provenant de la famille Salathé de Ste Croix de Caderle, une Jean-Antoine Chouët de 1678 donnée par Pierre-Jean et Carni Arnaud de St Jean de Cuculles dans l’Hérault et enfin cette autre Chouët de 1678 versée dans nos collections en septembre dernier par Mme Marie-Claude Locecere de Nîmes.
C’est sur cette dernière que nous porterons notre attention. La donatrice nous ayant indiqué que cette Bible provenait de la famille Ducros-Fesquet de Nîmes, dont elle est une descendante et qu’elle avait survécu aux inondations de 1988. Endommagée mais complète à l’exception de la page de titre et des 12 premières de la Génèse, c’est en la nettoyant page à page que nous y avons découvert, cette double mention manuscrite.
"Achetée 13 livres tournois le vingt et huitième novembre à Nîmes 1679 par moi Jacques Ducros"
Et plus bas : "Au mois d’octobre 1685 on a fait abjuration"
Nous avons ici dans ces 4 simples lignes d’une belle écriture à la plume 2 informations du plus grand intérêt et de la plus grande rareté, à savoir, le prix d’achat, c’est en fait la seule Bible des collections du musée qui comporte cette indication. 13 livres tournois représentent à l’époque 3 mois de salaire d’un artisan ou la valeur d’un cochon, un peu plus tard, pendant la période du Désert, à cause de la clandestinité et la raréfaction des livres protestants en France les prix vont s’envoler pour atteindre dans certain cas 2 ans de salaire pour une Bible, pour nous aujourd’hui le prix d’une voiture neuve.
Et cette 2ème indication tout aussi rare "Au mois d’octobre 1685 on a fait abjuration". C’est avec les grandes campagnes de dragonnades en Languedoc de l’été à l’automne 1685 que les abjurations seront les plus nombreuses. Nîmes, la métropole protestante du royaume avec ses 85% de Réformés se serait convertie en une semaine de dragonnades "intensives".