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La Cévenole
L’historique de la Cévenole
La Cévenole
La Cévenole est aujourd’hui le signe de ralliement de tous les protestants du midi de la France. Comment l’est-elle devenue ? Quelle est l’origine de cet hymne également cantique ? Voici quelques réponses :
Il faut resituer le contexte de La Cévenole avec l’Histoire évoquée au Musée du Désert entre 1685 et 1789 : les Cévennes, l’intolérance religieuse, les persécutions qui ne parvinrent pas à entamer la résistance des protestants cévenols, pacifique ou parfois armée (la Guerre des Camisards).
Le pasteur de l’Église Évangélique Libre de Saint-Jean-du-Gard, Louis Guibal (1856-1936), publia à partir de janvier 1885 un petit journal local intitulé La Cévenole. L’identité de ce titre avec celui du cantique n’est pas fortuite. Non seulement le cantique héritera du nom du journal parce qu’il y fut publié, mais, plus encore, ils répondaient tous deux à un même dessein.
Le pasteur Guibal lança son journal dans le but - il l’écrivit lui-même - de « faire sortir de l’oubli du passé bien des faits instructifs de la glorieuse histoire de nos montagnes et de nos vallées ». Il voulait que cette publication fût « la petite et discrète messagère entre tous les amis de l’évangélisation dans notre vieille et chère patrie camisarde. » (La Cévenole de janvier 1885)
Et c’est dans le même esprit qu’il demanda à son ami l’évangéliste Ruben Saillens (1855-1942), natif de Saint-Jean-du-Gard, de composer « un chant patriotique et religieux pour nos Cévennes ». Le poème, bientôt terminé, comportait huit strophes de quatre vers, plus le refrain.
Il devait, à l’origine, être chanté sur la mélodie du Chant des Girondins. Mais, comme le rappelait le Pasteur Guibal à l’auteur dans une lettre postérieure, Louis Roucaute, en vacances à Saint-Jean pendant l’été 1885, « trouva préjudiciable à l’avenir de La Cévenole l’association de cet air et de cette poésie. Il reprit (avec l’aide de son fils) un air qu’il avait composé à l’occasion du retour des troupes françaises rentrant de la campagne d’Italie et le remania.
Pour adapter les paroles à l’air, il réunit deux strophes en une seule. Le cantique nous est parvenu sous cette forme et avec cette mélodie.
La Cévenole fut chantée en choeur pour la Première fois lors d’un grand rassemblement organisé à l’initiative du pasteur Guibal pour commémorer le bicentenaire de la Révocation de l’Édit de Nantes, révocation qui provoqua l’aggravation des persécutions religieuses en Cévennes, mais aussi la résistance héroïque de la population protestante. Remarquons, à la suite du professeur Philippe Joutard dans La Légende des Camisards, que les vers de Saillens unissent dans le même souvenir les deux formes que revêtit cette résistance : la lutte armée des Camisards et le combat pacifique mené sous l’influence d’un Claude Brousson, d’un Antoine Court, et des autres pasteurs du Désert.
La réunion-anniversaire qui vient d’être mentionnée eut lieu au coeur du pays camisard, à Saint-Roman-de-Tousque, dans une châtaigneraie en dessous du village, le 23 août 1885.
Il manquait quelque chose à la Cévenole, comme le disait, paraît-il, à Ruben Saillens l’un de ses amis, Louis Pierredon (1854-1906), faiseur de bas, saint-jeannais et évangéliste comme lui. Ce dernier composa une strophe supplémentaire, qui évoque la foi où les huguenots cévenols puisèrent leur fermeté. Les vers dus à Louis Pierredon sont insérés aujourd’hui dans le cantique, dont ils forment la quatrième strophe (« Dans quel granit, ô mes Cévennes, fut taillé ce peuple vainqueur... »)
La Cévenole constitue un témoignage rendu à la fidélité des protestants du passé. Quoique pour la plupart ils aient été d’humble condition, ils sont demeurés attachés à la Bible et à ses enseignements. Ils nous ont légué un précieux héritage à conserver et à transmettre à notre tour comme le dit le refrain de La Cévenole :
Esprit qui les fis vivre, anime leurs enfants, pour qu’ils sachent les suivrent...